Et si on prenait la joie !

« Bonjour, ma chérie, tu vas bien ? Regarde, je t’ai apporté mon gâteau fait maison ! J’ai cuisiné toute la matinée…

-C’est vraiment très… gentil de ta part, Maman, mais… euh, comment te dire ?... je suis au régime, tu comprends, je fais attention.

-Bon, ben c’est bien dommage, quand je pense à toute la peine que je me suis donnée !... »

Hop, hop, hop ! Rewind… Qu’est-ce qu’on entend, là ? Quand je pense à quoi ?! Toute « la peine » ?! Mais c’est quoi, la peine ? Allez, dictionnaire : douleur, chagrin, tristesse, état d'abattement, punition, châtiment, sanction, condamnation, supplice, damnation, effort, fatigue, embarras, difficulté… Houlà, mais si c’était aussi pénible, pourquoi l’avoir fait ?! T’es sûre que c’était pour faire plaisir à quelqu’un ? Ben, ça fait peur !

Alors, je sais, je titille, je joue sur les mots. Sans doute une déformation professionnelle. Je m’attache souvent au sens littéral des expressions de mes patients, car elles sont le reflet de la façon dont elles se représentent leurs problèmes. Il ne s’agit pas seulement d’une question de vocabulaire… Je l’ai dit souvent, la pensée est créatrice.

Ton gâteau, tu l’as fait en pensant à une personne qui le mangerait, qui serait contente d’en apprécier les saveurs. Alors, pourquoi ne pas dire plutôt : « Quand je pense à toute la joie que je me suis donnée ! »

Allez, on fait ça, maintenant ? On traque les expressions, et on les transforme ? A vous !...