Des bienfaits de la console...

Lorsque j'étais un jeune père, dans les années 90, j'ai bien essayé, grâce à mon fils aîné, de m'initier aux jeux de console. C'était la naissance des « pokémons ». Las, il fallut bien me rendre à l'évidence... les jeux vidéos, c'est pas mon truc ! A mesure que mes enfants progressaient dans leur virtuosité manettistique, je devenais de moins en moins habile, et, pour eux, un piètre partenaire de jeu, du moins dans ce domaine. Ils formèrent entre eux un groupement intra-familial de spécialistes au sein duquel les parents étaient admis seulement pour vérifier leur supériorité gentiment moqueuse ! Ils avaient leur propre langage, abscons pour les étrangers que nous étions, et ce statu quo satisfaisait tout le monde.

A la faveur d'une conversation récente avec mon fils le plus jeune, j'ai voulu savoir ce qui l'attirait dans ce jeu dont il parle en ce moment avec tant d’enthousiasme. Passionné de graphisme, il trouve que le rendu visuel des décors et des personnages est un plus. L'histoire en elle-même n'est pas la plus originale : il s'agit d'une quête, classique dans ce type de jeu. C'est un jeu de combat... Et là, le pacifiste que je suis dresse une oreille soupçonneuse ! Enfin, combat c'est un bien grand mot, c'est surtout des monstres à supprimer, pour acquérir leurs pouvoirs.

Les histoires que j'aimais lire ou que l'on me racontait quand j'étais enfant ne parlaient-elles pas de monstres, de quête, de pouvoirs magiques ? S'identifier à des héros, qu'il soient de papier ou d'écran, est un moyen de dépasser ses peurs, de comprendre que l'on est capable d'y faire face. Depuis la nuit des temps les humains ont utilisé cette manière d'expliquer le monde, de donner du sens aux événements, aux émotions, aux cauchemars. PSP, version moderne des livres de princesse ? Sans aucun doute.

Allant plus loin dans sa réflexion, il dit que le jeu est en anglais, parfois sous-titré, parfois non. Il a l'impression d'intégrer le vocabulaire de façon intuitive à mesure de sa progression. Il découvre qu'il comprend, sans savoir comment, les phrases prononcées ou écrites, comme si c'était du français. Les apprentissages s'intègrent à force de répétition, et deviennent automatiques. Sa connaissance de l'anglais se fait naturellement, associant dans son cerveau ses apprentissages scolaires et le jeu.

C'est bien ainsi que devrait être dispensé l'enseignement ! Le « par cœur » n'a pas de sens. J'entends encore une professeure de ma fille répéter : « Rien n'est à comprendre, tout est à apprendre ! » Quelle ineptie ! Une vision pédagogique d'un autre siècle, encore en vigueur il y a seulement 6 ans dans un collège français !

En diversifiant les apports pédagogiques, nous stimulons tous les sens. Intuitivement, c'est ce que font nos enfants avec leurs jeux. Sans le savoir, ils font travailler leur cerveau en tuant des dragons. Ne leur dites pas ! Chaque génération invente de nouvelles formes de savoir. Cette modernité n'est pas mieux, ni moins bien que la précédente, elle est juste différente, ajustée aux progrès des technologies.

Notre cerveau est une machine extraordinaire, dont nous sommes bien loin d'avoir percé tous les secrets. Chaque classe d'âge apporte de nouvelles connaissances.

Mais que ce soit au coin du feu de la veillée, ou devant un écran, une fée est toujours une fée...